TRAVAIL ET ÉNERGIE
MÉCANIQUE CLASSIQUE OU RATIONNELLE
1. Lois de Newton
1.1. Loi d'inertie
1.2. Principe fondamental de la mécanique
1.3. Loi d'action/réaction
2. Conditions d'équilibre
3. Centre de masse et masse réduite
3.1. Théorème du centre de masse
3.2. Théorème de Guldin
4.1. Position
4.2. Vitesse
4.3. Accélération
4.3.1. Plan osculateur5. Principe de relativité galiléen
6.1. Théorème du moment cinétique
6.2. Moment de force
6.3. Statique des forces
8. Mouvements circulaires
9.1. Energie cinétique
9.1.1. Moment d'inertie :
(Rayon de giration - Moment d'inertie polaire - Théorème d'Huygens-Steiner - Tenseur d'inertie - Théorème d'Huygens-Steiner généralisé - Ellipsoïde d'inertie)9.1.2. Gyroscope :
(Gyroscope symétrique pesant - Gyroscope de Foucault - Toupie)9.2. Energie potentielle gravifique
9.2.1. Energie potentielle d'une sphère de matière
9.3. Conservation de l'énergie mécanique totale
9.4. Conservation de la quantité de mouvement
9.5. Loi de Newton généralisée
9.5.1. Action lagrangienne (hamiltonienne)
9.5.2. Lagrangien mécanique
10. Puissance
10.1. Puissance d'une machine tournante
10.2. Rendement
11. Mouvements relatifs et forces d'inerties
11.1. Force de Coriolis
12.1. Pendule de Newton
12.2. Pendule simple
12.3. Pendule physique
12.4. Pendule élastique
12.5. Pendule conique
12.6. Pendule de torsion
12.7. Pendule de Foucault
12.8. Pendule de Huygens
13.1. Frottement statique
13.2. Frottement dynamique
13.3. Lois de Coulomb
13.4. Frottement visqueux horizontal
13.5. Frottement visqueux vertical
13.6. Frottement visqueux de Stokes vertical
13.7. Frottement visqueux de Stokes horizontal
Si un point de masse m subit
un déplacement élémentaire sous
l'effet d'une force
,
cette force effectue un travail élémentaire valant par définition:
(30.143)
Si cette masse m est déplacée d'un endroit A à un endroit B, le travail total est:
(30.144)
Pour les unités, nous avons
: (Joules)
R1. Si W est positif le travail est dit "travail moteur". Dans le cas contraire il est dit "travail résistant" (exemple: le freinage).
R2. Si la force est
constante en grandeur et en direction (cas de la pesanteur au
voisinage de la surface terrestre), l'intégrale du calcul de W prend
une forme plus simple:
(30.145)
Ce résultat montre que le travail ne dépend alors que des positions initiale et finale et pas du chemin parcouru. Le travail de la pesanteur est un cas particulier de ce type.
ÉNERGIE CINÉTIQUE
La loi de Newton est
applicable le long du chemin A-B. En l'utilisant
dans l'expression du travail il vient:
(30.146)
et, en développant le produit scalaire au moyen des composantes, nous aurons :
(30.147)
Lorsqu'un corps se déplace
sous l'action d'une force résultante quelconque,
le travail de cette force d'accélération sur un chemin quelconque A, B est égal à la
variation d'énergie cinétique du corps:
Par définition, la relation :
(30.148)
est appelée "l'énergie cinétique" et elle se mesure en "Joules" (ou d'autres unités dérivées exotiques dont les physiciens théoriciens abusent parfois un petit peu trop...) et est toujours positive en mécanique ou n'importe quel autre domaine de la physique.
L'équation :
(30.149)
porte quelquefois le nom de "théorème de l'énergie cinétique".
MOMENT D'INERTIE
Pour un solide rigide tournant
autour d'un axe à la vitesse angulaire .
L'énergie cinétique élémentaire d'un point quelconque de masse dm,
situé hors de l'axe, vaut:
(30.150)
puisque et
sont
perpendiculaires. L'énergie cinétique totale
est alors :
(30.151)
Nous avons pris l'habitude en physique de noter cette dernière relation:
(30.152)
où par définition, le "moment d'inertie" est:
(30.153)
Exemple:
Calculons la vitesse d'une boule finale d'une boule chutant sur un plan incliné de frottement non nul (elle va donc tourner) dans un champ de potentiel gravifique.
La réponse du néophyte en physique sera souvent obtenue en considérant que l'énergie cinétique mais pas la vitesse de rotation de la boule. Or, nous devons prendre celle-ci en compte via son moment d'inertie.
Nous avons donc l'énergie cinétique totale étant l'énergie cinétique de translation de centre de masse plus l'énergie de rotation autour de ce même centre de masse:
(30.154)
en égalant cette valeur à l'énergie potentielle gravifique et en supposant une vitesse initiale nulle de la chute, nous avons:
(30.155)
Soit la vitesse acquise au bas du plan (frottement de roulement non-compris...):
(30.156)
et nous avons démontré dans le chapitre sur les Formes Géométriques que le moment d'inertie d'une boule pleine était:
(30.157)
Il vient alors:
(30.158)
Nous voyons dans le cas particulier de la boule, que la vitesse finale de chute est (sans frottements de l'air ni de roulement) indépendante de sa masse et de son rayon (qu'elle soit creuse ou pleine) ce qui est relativement contre intuitif.
Nous avons vu lors de notre étude du moment cinétique que:
(30.159)
et le moment d'inertie étant donné par:
(30.160)
Nous avons donc:
(30.161)
d'où:
(30.162)
Nous obtenons finalement:
(30.163)
c'est l'expression donnant le moment cinétique d'un corps tournant sur lui-même (sur un de ses axes possibles de rotation).
Etant donné que nous avons démontré lors de notre étude du moment cinétique que:
(30.164)
il vient alors dans l'hypothèse que la masse et la géométrie du solide restent constantes... que le moment de force est alors:
(30.165)
et bien évidemment, si nous étudions un système dans lequel le moment cinétique est conservatif, il va de soi que:
(30.166)
Cette conservation du moment cinétique trouve une application dans une multitude d'expériences telle que celle connue qui consiste à se faire tourner sur une chaise et à écarter les mains ou les jambes ce qui fera diminuer la vitesse de rotation (et inversement).
Une autre expérience curieuse (mais mathématiquement correcte) consiste à se poser sur un plateau tournant avec une roue en rotation tenue à l'horizontale (le moment cinétique vertical est donc nul) et de mettre celle-ci ensuite à la verticale. Comme le moment cinétique vertical doit rester nul, pour contrecarrer cela, le plateau sur lequel est posé l'expérimentateur se mettra à tourner dans le sens inverse de rotation de la roue.
Les déplacements de masses importantes à la surface de la Terre (icebergs, crues des fleuves, plaques tectoniques, etc.) provoquent des variations du moment d'inertie de la Terre. Il s'ensuit des fluctuations de la vitesse angulaire donc une imperfection de l'étalon astronomique de temps (quelques millièmes par jour).
Revenons maintenant aux méthodes de calcul des moments d'inertie. L'énergie cinétique d'un corps étant la somme de l'énergie cinétique de chaque élément de ce corps, nous avons :
(30.167)
Dans le cadre d'un corps solide rigide en rotation autour d'un axe, nous avons :
(30.168)
Ainsi, pour un corps composé d'un ensemble de corps de géométrie différentes, le moment d'inertie total est la somme des moments d'inertie par rapport à l'axe de rotation tel que :
(30.169)
Lorsque nous calculons le
moment d'inertie d'un corps par rapport à un axe donné,
il peut être intéressant de savoir qu'elle est la
distance à l'axe où nous pouvons placer fictivement
toute la masse de ce corps pour avoir le même moment d'inertie.
Par définition, cette distance notée k et
appelée le "rayon de giration" est
trivialement donnée par :
où est
le moment d'inertie connu du corps de masse M par rapport à une
axe
.
Par définition, le "moment d'inertie polaire" (ou également "moment d'inertie quadratique") est le moment d'inertie défini par rapport à un point (le pôle) et non plus par rapport à un axe et noté :
(30.171)
Cette grandeur n'intervient en fait que pour les rotations libres et n'a d'intérêt, pour les rotations autour d'un axe fixe, que parce qu'elle facilite quelquefois le calcul des moments d'inertie axiaux en vertu de la relation suivante (en coordonnées cartésiennes) :
(30.172)
Démonstration:
Lemme 1 : Le moment d'inertie par rapport à un plan xOy est donné trivialement par :
(30.173)
Lemme 2 : Le moment d'inertie par rapport à un axe est donné par :
(30.174)
En sommant ces relations, nous en déduisons :
(30.175)
Le moment d'inertie polaire est alors donnée par :
(30.176)
En comparant avec le lemme 2 il vient :
(30.177)
C.Q.F.D.
Si le corps en question à une
symétrie sphérique, il vient de suite puisque que
:
(30.178)
Un exemple est donné avec la boule (sphère pleine) dans le chapitre traitant des Formes Géométriques dans la section de géométrie.
Supposons
maintenant connaître le moment d'inertie d'un
corps solide rigide quelconque par rapport à un axe
(cet
axe n'étant pas nécessairement uniquement assimilé à l'axe z commun)
passant par le centre de masse G. Calculons ensuite le
moment d'inertie
,
par rapport à un autre axe z ', parallèle à z et
distant de a , et faisons apparaître la liaison
existant entre ces deux moment d'inertie différents :
Dans un référentiel cartésien, nous avons pour tout point (x,y) :
et
(30.179)
Nous avons alors :
(30.180)
Le terme :
(30.181)
est nul car si le moment d'inertie est calculé par rapport au centre de masse G comme nous l'avons imposé dès le début, alors :
(30.182)
En définitive, nous obtenons finalement le théorème d'Huygens-Steiner :
(30.183)
Comme nous le verrons dans le chapitre des Formes Géométriques dans la section de géométrie du site, il devient alors facile de pouvoir calculer le moment d'inertie d'un triangle équilatéral en connaissant celui d'un plaque carrée et en déplaçant l'axe d'inertie au point où se situe le centre de gravité du triangle (soit au tiers de la médiane située entre le centre du rectangle et un des sommets du rectangle).
Comme il existe autant de moment d'inertie que d'axe de rotation et que ces derniers sont souvent dans les cas d'études assimilés aux axes principaux d'inertie (axe assimilés aux axes de révolutions ou aux plans de symétrie - voir plus loin), il peut être utile d'introduire un être mathématique utile dans le cadre de représentation des moments d'inertie qui n'est autre que la "matrice d'inertie" ou appelé encore (formulation plus moderne) "tenseur d'inertie".
La démarche pour
déterminer rigoureusement l'expression de ce tenseur est
la suivante : soit un
point donné d'un solide dont nous cherchons à calculer
le moment d'inertie et
l'axe
d'origine O et de vecteur unité
par
rapport auquel nous souhaitons calculer le moment d'inertie.
Tout point
du
solide peut être projeté (projection orthogonale)
sur un point
à partir
de la connaissance de l'angle
entre
et
tel
que :
(30.184)
Dès lors :
(30.185)
D'après les propriétés du produit mixte (cf. chapitre de Calcul Vectoriel) et du produit scalaire :
et
(30.186)
nous avons :
(30.187)
et donc :
(30.188)
Comme est
un vecteur de direction constante quelque soit le point d'intégration,
nous pouvons le sortir de l'intégrale tel que :
(30.189)
Nous pouvons vérifier
que si nous remplaçons par
,
nous obtiendrons un résultat
de
par la propriété de linéarité du
produit vectoriel (cf. le chapitre de Calcul
Vectoriel). Ainsi, l'application qui à
associe
est
donc une application linéaire qui peut être représentée,
dans une base B donne, par une matrice :
(30.190)
La matrice est
le donc "tenseur d'inertie" du système par rapport au
point O, dans la base B.
Le moment d'inertie d'un
système par rapport à un axe quelconque
de vecteur unitaire
est
donné par :
(30.191)
Le problème est donc
maintenant de pouvoir calculer les éléments du
tenseur ,
pour une base B donnée. Soit un repère
tel
que
.
Nous posons :
et
(30.192)
En utilisant le fait qu'un produit vectoriel puisse être représente par une matrice antisymétrique (vérifiez c'est facile) :
(30.193)
nous avons :
(30.194)
et donc :
(30.195)
Dans l'expression ci-dessus de la matrice d'inertie, nous reconnaissons les éléments diagonaux : il s'agit tout simplement des moments d'inertie du système par rapport aux différents axes de la base. Nous appelons "produit d'inertie" les éléments non-diagonaux de la matrice et nous les notons :
(30.196)
Nous avons donc :
(30.197)
Si O est assimilé au centre de masse du solide considéré, nous notons simplement :
(30.198)
Nous pouvons également généraliser le théorème d'Huygens en faisant usage de ce tenseur de symétrie. Pour ce faire, appelons (x', y', z') les coordonnées d'un point A quelconque dans R' et (x, y, z) ses coordonnées dans R. Nous appelons (a,b,c) les coordonnes de l'origine O' de R' dans R:
(30.199)
puisque :
(30.200)
Nous avons alors :
(30.201)
Or, si O' coïncide avec le centre de masse G, alors selon la définition du centre de masse :
(30.202)
Nous en déduisons alors :
(30.203)
et de même :
,
(30.204)
avec :
(30.205)
Nous retombons sur le théorème
d'Huyghens classique puisque n'est
d'autre que la distance au carré entre l'axe Oz et Gz et
de même pour
qui
est la distance au carré entre Ox et Gx et
qui
est la distance entre Oy et Gy.
Si nous nous intéressons maintenant aux produits d'inertie, il vient :
(30.206)
d'où, si O' coïncide avec G :
(30.207)
En résumé, le théorème d'Huygens généralisé, s'écrit :
(30.208)
Le tenseur d'inertie étant
réel et symétrique, nous avons dans le chapitre
d'Algèbre Linéaire (théorème spectral)
qu'il est toujours possible de trouver trois directions perpendiculaires
de vecteurs telles
que le tenseur (matrice) symétrique soit diagonalisable
:
(30.209)
Le trièdre formée
par les vecteurs est
appelé "trièdre principal
d'inertie" et ses axes sont appelés "axes
principaux d'inertie". Dans ce repère
prend
le nom de "tenseur principal d'inertie".
Si de plus O est assimilé à G,
nous parlons de "tenseur central d'inertie".
En fait, pour trouver les moments d'inertie relativement aux axes principaux il n'est pratiquement jamais nécessaire de diagonaliser le tenseur d'inertie, car il suffit souvent de se laisser guider par la symétrie du système. Nous allons voir avec les théorèmes suivants que s'il existe des axes ou des plans de symétrie pour la distribution de masse, les axes d'inertie sont faciles à trouver. De plus, le système est en général suffisamment simple (ou décomposable en éléments suffisamment simples...) pour que ces axes soient évident.
Premier théorème : Si le système possède
un plan de symétrie matérielle (in extenso :
si A symétrique de A' par rapport au plan)
alors tout axe perpendiculaire à ce plan est axe principal
d'inertie.
Démonstration:
Choisissons un repère xOy dans le plan par rapport
auquel le système a une distribution
de masse symétrique et un axe Oz perpendiculaire à ce
plan. Pour calculer ou
,
groupons les points par deux, symétriques par rapport à
xOy. c'est-à-dire tels que
.
Nous aurons alors:
(30.210)
et de même :
(30.211)
c'est-à-dire, puis (symétrie matérielle!) :
(30.212)
que toutes les contributions de paires de points symétriques
sont nulles, ce qui implique : ,
c'est-à-dire que l'axe des z est direction principale
d'inertie.
C.Q.F.D.
Deuxième théorème : Choisissons comme axe Oz l'axe de symétrie. De même que ci-dessus, nous avons :
(30.213)
Démonstration:
Effectivement, car si nous groupons les points par paire A' et A' symétriques par rapport à Oz, nous avons :
(30.214)
mais
donc toujours :
(30.215)
et de même :
(30.216)
C.Q.F.D.
Troisième théorème : Si un système admet un axe de révolution pour sa distribution de masse, alors tout trièdre orthogonal incluant l'axe de révolution, est trièdre principal d'inertie. Le système matériel est alors dit "système cylindrique" et dans le trièdre principal d'inertie son tenseur prend la forme (en supposant que l'axe de révolution est le 3ème axe du trièdre) :
(30.217)
Démonstration:
Si Oz est un axe de révolution, tout plan comprenant Oz est plan de symétrie et toute droite perpendiculaire à Oz est donc axe principal d'inertie (premier théorème). De plus, toutes ces droites perpendiculaires à Oz sont équivalentes.
C.Q.F.D.
Définition: Si la matrice d'inertie en O d'un système matériel est du type :
(30.218)
nous disons alors que le système est un "système sphérique" (ou un "système à symétrie sphérique").
Lorsque les moments d'inertie d'un solide sont connus dans les directions des axes principaux d'inertie, nous pouvons facilement déterminer le moment d'inertie J par rapport à n'importe quel autre axe passant par le centre de gravité en utilisant que ce nous nommons un "ellipsoïde d'inertie" (à ne pas confondre avec le moment d'inertie d'une ellipsoïde - démontré dans le chapitre traitant des Formes Géométriques).
Démonstration:
Soient trois axes, centrés sur G, parallèles aux axes principaux. Dans leurs directions, portons des longueurs proportionnelles à :
(30.219)
Dans cet espace des phases
des moments d'inertie, tout point désigne
un moment d'inertie J tel que :
(30.220)
Pour déterminer J
en fonction des ,
sans devoir calculer x, y, z, nous
identifions les cosinus directeurs (cf.
chapitre de Calcul Vectoriel) de l'axe de rotation à ceux
de la droite
.
Ainsi, nous avons :
(30.221)
Soit :
(30.222)
Nous pouvons maintenant
calculer les conditions de normalisation de cette relation. Ainsi,
si et
,
nous avons :
(30.223)
Respectivement nous aurons :
(30.224)
Puisque :
et
(30.225)
Ce qui nous amène à écrire :
(30.226)
Par substitution, nous obtenons :
(30.227)
Donc finalement :
(30.228)
Ainsi, en connaissant les moment d'inertie d'un corps par rapport
à ses axes principaux
nous pouvons connaître son moment d'inertie par rapport à
n'importe quel axe ayant un angle
par rapport aux axes principaux.
C.Q.F.D.
GYROSCOPE
Un solide (de révolution pour simplifier...), pouvant s'orienter librement autour d'un point fixe et tournant rapidement sur lui-même forme par définition un "gyroscope".
Outre leur usage ludique... car ils permettent d'avoir des configurations considérées comme pédagogiquement exceptionnelles... les gyroscopes constituent une part importante des systèmes de navigation par inertie (avant l'apparition des GPS...) dans l'aviation, l'aérospatiale, la marine (stabilisation des bateaux), le cinéma/télévision (stabilisation des caméras) et encore bien d'autres. Les instruments de guidage par inertie de ces systèmes sont constitués de gyroscopes et d'accéléromètres, qui calculent à tout instant la vitesse exacte et la direction de l'appareil en mouvement. Les signaux recueillis sont communiqués à un ordinateur qui les enregistre et qui corrige alors les aberrations éventuelles de la trajectoire.
Les planètes constituent un autre exemple fameux de gyroscopes. L'exemple le plus connu étant notre Terre qui tournant relativement vite autour d'elle-même et étant très massive son moment cinétique fait que son pôle Nord est toujours (à l'échelle du temps d'un humain ...) orientée vers l'étoile Polaire quelque soit sa position sur son orbite.
La figure suivante est un exemple de gyroscope connu dans les laboratoires des écoles et appelé "gyroscope symétrique pesant". Il s'agit bien évidemment d'un cas particulier et simplifié mais qui permet de comprendre le principe de base du gyroscope:
(30.229)
Se composant d'un moteur électrique dont le rotor, le volant principal, forme la masse principale en rotation angulaire rapide. Le stator du moteur est fixé à une tige sur laquelle est positionné un contrepoids à l'opposé. L'ensemble est posé sur un pied de support à l'extrémité duquel se trouve un cardan monté sur un roulement horizontal qui autorise les orientations du gyroscope presque sans limitations dans toutes les directions.
Dans
ce schéma nous avons qui
est la vitesse angulaire instantanée du disque amovible de rayon R,
est
la vitesse de précession du gyroscope (rotation autour du pied
de support),
est
la force de la masse m complémentaire attachée au contrepoids
et qui déséquilibre le gyroscope, r est la distance du cardan
du gyroscope au contrepoids et finalement a est l'angle d'inclinaison
que prend l'axe du gyroscope lorsqu'on le déséquilibre en attachant
le poids supplémentaire au contrepoids.
Pour débuter l'étude théorique de ce système, rappelons que avons démontré plus haut que le moment cinétique pour un solide ayant un moment d'inertie J s'exprime par la relation suivante:
(30.230)
et nous avons vu que tout solide en rotation autour d'un axe quelconque a aussi un moment cinétique qu'il est alors d'usage de noter conformément avec ce que nous avons vu plus haut:
(30.231)
Nous avons aussi démontré plus haut que le rotor, comme toute masse en rotation rapide, produit alors un moment de force donné par:
(30.232)
qui est vectoriellement colinéaire à et
passe donc par son axe de symétrie. Comme nous le savons déjà,
c'est cette dernière relation qui met le mieux en évidence que
le gyroscope maintient toujours une direction identique dans l'espace
même lorsque nous déplaçons son support.
En d'autres termes un gyroscope libre animé d'une grande vitesse de rotation a pour propriété fondamentale de conserver son axe de rotation selon une orientation fixe par rapport à l'espace absolu. C'est ce que nous appelons la "première loi gyroscopique" ou "loi de fixité".
Typiquement le "gyroscope de Foucault" représenté ci-dessous, excellent exemple pratique de la loi de fixité, garde son orientation quelque soit la manière dont nous manipulons le socle sur lequel il est posé:
(30.233)
Si nous posons le gyroscope de Foucault toute une journée sur une table avec un moteur qui maintient la rotation du disque massif central constante, nous observons alors la rotation de la Terre car le gyroscope tourne alors très lentement sur lui-même en 24 heures!
Pour revenir à nos considérations mathématiques... intéressons nous maintenant au moment de force du contrepoids qui déséquilibre notre gyroscope symétrique alors que le disque est en rotation et qui génère une rotation générale du gyroscope comme le permet de constater l'expérience. Nous avons alors pour le moment de force faisant tourner le gyroscope autour de son axe (tige de soutient) :
(30.234)
Puisque le gyroscope ne précesse pas lorsque le système est équilibré c'est que le moment de force du poids supplémentaire qui déséquilibre le gyroscope génère un moment cinétique selon la relation démontrée plus haut tel que:
(30.235)
Ce qui schématiquement peut être représenté de la manière suivante (il s'agit de notre gyroscope vu d'en haut):
(30.236)
Nous avons alors dès que le gyroscope se met à tourner (dans un mouvement circulaire):
(30.237)
En prenant l'approximation de Taylor au premier ordre de la tangente pour les petits angles:
(30.238)
Faisons l'hypothèse, pour simplifier l'étude du problème, que la variation du moment cinétique total par rapport à l'axe de rotation du gyroscope (la tige de soutien donc!) peut être assimilée au moment cinétique du rotor seuil si ce dernier tourne suffisamment vite et que sa masse est suffisamment grande. C'est-à-dire que:
(30.239)
nous avons alors:
(30.240)
et dès lors puisque de par cette approximation tout le moment de force est assigné à la variation du moment cinétique du rotor seul:
(30.241)
Il vient enfin:
(30.242)
Donc
lorsque le gyroscope symétrique pesant est équilibré (lorsque M est
nul au numérateur de la fraction), son moment cinétique garde donc
une orientation fixe quelque soit la valeur du dénominateur puisque sera
alors toujours nul.
Le mouvement de rotation résultant d'un déséquilibrage du gyroscope est donc dit "mouvement de précession" lorsqu'il est provoqué volontairement, et "dérive" lorsqu'il est dû à un élément perturbateur.
Indiquons pour finir les gyroscopes ludiques pour petits enfants comme la toupie ci-dessous:
(30.243)
Nous pouvons grossièrement la représenter ainsi (vue de côté et vu du dessus) pour en faire une analyse mathématique:
(30.244)
où nous faisons l'hypothèse que l'extrémité de l'axe de la toupie
est posée sur le sol sans possibilité de glissement et que celle-ci à une
vitesse angulaire constante
et suffisamment grande pour ne pas avoir son inclinaison
qui
varie dans le temps.
En utilisant la même technique que pour le gyroscope symétrique
pesant nous avons (bon nous aurions pu utiliser plus simplement
la relation vue
dans le chapitre de Trigonométrie...):
(30.245)
Nous avons aussi pour le moment de force:
(30.246)
Par contre le moment cinétique change! Effectivement, nous avons donc dans ce cas particulier:
(30.247)
il s'ensuite que sous les mêmes hypothèses que le gyroscope pesant que:
(30.248)
d'où sous forme vectorielle:
(30.249)
et nous savons que cette dernière relation (démonstration faite plus haut) peut être complétée en écrivant:
(30.250)
Il vient alors:
(30.251)
Soit:
(30.252)
Nous voyons que la différence avec le gyroscope symétrique pesant est que la vitesse de précession est alors indépendante de l'angle.
R1. Un cycliste roulante en ligne droite est stabilisé (loi de fixité oblige!) par le moment cinétique de ses roues qui est perpendiculaire au sens de roulement.
R2. Sans probablement s'en rendre compte, on se penche en bicyclette dans un virage pour produire une précession dans les roues et tourner plus facilement. Effectivement le mouvement de précession fait pivoter la roue de la bicyclette dans la direction où on se penche sans qu'un ait besoin de tourner le guidon.
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